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16 octobre 2025
La métha-morphose du territoire girondin : vers un mix énergétique ouvert au gaz vert ?
En Gironde, le potentiel du biométhane est réel, mais il soulève aussi des questions pour celles et ceux qui envisagent de l’intégrer dans leur stratégie énergétique. Issu de la méthanisation de matières organiques, ce « gaz vert » combine ancrage local et contribution à la décarbonation. Mais quelle place donner à cette énergie dans le mix énergétique en Gironde ? Comment l’articuler avec le développement du solaire, de la chaleur renouvelable ou de la sobriété énergétique ?
Mardi 30 septembre aux côtés de GRDF et RÉGAZ, les adhérents de l’Alec (collectivités, bailleurs sociaux et professionnels) ont pu confronter leurs points de vue, proposer des pistes de développement du gaz vert et réfléchir à son rôle dans le mix énergétique girondin.
Biométhane, biogaz ou gaz vert en Gironde : panorama en chiffres
En Gironde, le gaz reste une énergie importante : il représentait encore 16 % de la consommation totale, soit environ 6 500 GWh en 2023.
Deux usages dominent : le chauffage des bâtiments (70 %) et les usages industriels.
Cette consommation recule significativement (–25 % entre 2010 et 2023), une baisse particulièrement marquée sur les dernières années en lien avec les crises récentes (crise énergétique, COVID).
Les chiffres clés à retenir
La dynamique actuelle de déploiement de la méthanisation dépasse le rythme de progression fixé par les PCAET.
Valoriser les ressources locales
Le développement des gaz verts s’inscrit dans la stratégie de décarbonation en Gironde. Cette dynamique repose sur la valorisation des déchets organiques par la méthanisation et sur l’adaptation des réseaux de distribution.
Les principales sources de matières organiques :
- Déchets agricoles : fumiers, lisiers, résidus de culture, etc
- Déchets d’industries agro-alimentaire : graisse, pulpe de betterave, sous-produits animaux, etc
- Déchets urbains : partie fermentescible des déchets ménagers, biodéchets, de restauration, tontes, boues de stations d’épuration, etc
Cette valorisation des déchets permet de produire une énergie locale et renouvelable, ainsi que de renforcer l’économie circulaire dans les territoires.
La dynamique territoriale en Gironde
Le développement du gaz vert en Gironde repose sur un maillage d’acteurs locaux.
Deux opérateurs assurent la distribution et la sécurité des réseaux :
- GRDF, qui dessert 215 communes,
- RÉGAZ, qui en dessert 46.
Tous deux accompagnent les collectivités dans la connexion des nouveaux sites de méthanisation et la transition vers des usages plus durables.
En Gironde spécifiquement, on retrouve :
- 14 sites de méthanisation en service
- 5 sites en projet ou en réflexion
La Région Nouvelle-Aquitaine accompagne le développement de la méthanisation sur son territoire à travers le programme MéthaN-Action et se fixe des objectifs de développement du gaz vert ambitieux :
- 30 % de gaz vert d’ici 2023
- 100 % de gaz vert dès 2050 voire de devenir exportateur
La dynamique de développement se poursuit activement, avec 6 à 7 sites de méthanisation mis en service chaque mois à l’échelle nationale. Fin juin 2025, 771 sites de méthanisation injectent déjà du gaz vert dans les réseaux en France.
Le gaz vert dans les transports
Le BioGNV se développe progressivement dans le secteur des transports.
Il répond à la fois aux enjeux climatiques, environnementaux et de santé publique, notamment dans le secteur des transports.
Les principaux atouts :
- Décarbonation : réduction de – 80 % d’émissions par rapport à un véhicule diesel (base carbone ADEME)
- Qualité de l’air : tous les véhicules qui roulent au BioGNV/GNV bénéficient de la vignette Crit’AIR 1
- Qualité de vie : 2 fois moins de nuisances sonores que les véhicules au diésel, pas d’odeur, pas de fumée
Fin février 2025, la France comptait 46 259 véhicules BioGNV/GNV, dont une répartition significative en véhicules professionnels :
- 14 723 poids lourds
- 11 532 véhicules utilitaires légers
- 7 349 bus
Pour les collectivités, le BioGNV permet de réduire les émissions du transport public, de la collecte des déchets ou de la logistique urbaine.
Le scénario régional à l’horizon 2050 : quel rôle pour la Gironde ?
Pour l’horizon 2050, le scénario de la Région Nouvelle-Aquitaine prévoit un maintien de la consommation en gaz, avec une évolution marquée des usages :
- La consommation de gaz dans le bâtiment serait réduite fortement grâce à la sobriété, la rénovation et le changement de source d’énergie
- La consommation dans les transports se développerait fortement, participant à la décarbonation de ce secteur
Cette consommation de gaz pourrait être entièrement couverte par les ressources locales disponibles à l’échelle régionale. Autrement dit, la région Nouvelle Aquitaine pourrait devenir autosuffisante en gaz vert.
À l’échelle de la Gironde, faute d’une ambition définie localement pour la consommation de gaz, le scénario régional sert de référence.
Cette consommation peut alors être comparée aux objectifs de développement du biogaz inscrits dans les PCAET de Gironde, lesquels permettraient d’atteindre un taux d’indépendance énergétique de 11 % à horizon 2050.
Ce taux, bien inférieur à l’objectif de 100 % de gaz vert fixé par le scénario régional, s’explique par des gisements non comptabilisés, et invite à penser la transition non pas à l’échelle d’un seul territoire mais dans une logique de coopération régionale :
- Certains territoires ont déjà dépassé leurs objectifs, tandis que d’autres sont encore en potentiel de développement,
- Les équilibres entre consommation et production peuvent se construire à l’échelle de la région Nouvelle-Aquitaine : des départements excédentaires pourraient compenser un déficit en Gironde.
Votre contact à l’Alec
- Eric BILLAUD, chargé de mission énergie-climat, eric.billaud@alec-mb33.fr