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2 juillet 2025

Anticiper la demande en froid : quels besoins demain pour les territoires métropolitains et girondins ?


Pendant longtemps, le confort thermique dans les bâtiments s’est concentré sur la protection contre le froid hivernal. Mais depuis quelques années, la question du confort d’été et du besoin en froid prend de l’ampleur. Pour discuter de ces nouveaux enjeux, l’Alec a réuni une vingtaine de ses adhérents à l’occasion d’un petitdéjeuner pour partager les premiers enseignements d’un travail démarré en 2024.

Le froid, un enjeu climatique et territorial en émergence 

Face à l’urgence climatique, la question du froid devient brûlante. Sans planification territoriale, la tendance est à ce que chacun s’équipe d’un système de refroidissement actif individuel, ce qui soulève des enjeux énergétiques, environnementaux, sociaux et urbains (émissions de GES, consommation d’électricité, îlots de chaleur, inégalité d’accès). Un groupe de travail (GT), rassemblant l’Alec, Bordeaux Métropole, l’A’Urba et l’ADEME, a été mis en place en 2024 pour produire une meilleure connaissance du besoin de froid sur Bordeaux Métropole afin d’accompagner la planification d’une réponse adaptée à ce besoin, en identifiant notamment les publics vulnérables et les solutions vertueuses.

La première étape du travail du GT a été de clarifier les notions liées au froid : on distingue notamment le besoin en froid, l’énergie théorique nécessaire pour atteindre un certain confort, de la consommation effective, qui dépend de la présence d’un système de climatisation permettant de répondre à ce besoin de froid.

Plusieurs paramètres ont été identifiées comme influençant le besoin de froid : le climat, la qualité de l’isolation, la gestion des protections solaires, la température de consigne ou encore l’efficacité des systèmes de climatisation.

À l’échelle de Bordeaux Métropole, une méthodologie fondée sur des ratios surfaciques appliqués aux surfaces de plancher permet d’estimer les ordres de grandeur de la consommation actuelle de froid et de ses évolutions possibles : 

  • La climatisation représente aujourd’hui environ 12 % de la consommation électrique dans le tertiaire et 10% dans le résidentiel ; 
  • À l’horizon 2050, la consommation de froid va certainement augmenter, entre un facteur 2 si des mesures fortes de sobriété et de planification sont mises en place et un facteur 10 si rien n’est fait.

Cette méthode, transposable pour n’importe quel territoire de Gironde, offre une base pour connaître l’état des lieux du besoin de climatisation en vue de planifier la réponse à ce besoin.

Cartographier les vulnérabilités pour mieux cibler l’action 

Les effets de la chaleur ne touchent pas tout le monde de la même manière. Une étude menée à l’échelle de la métropole permet désormais de mieux connaître les populations et les quartiers les plus exposés. Cette cartographie croise plusieurs indicateurs : âge, conditions de logement, accès à des espaces rafraîchissants. Elle met en lumière une forte concentration de personnes vulnérables dans certains secteurs : l’hypercentre, les faubourgs, ou encore les quartiers proches des grands axes. 

Trois constats majeurs ressortent : 

  • 52 % de la population bordelaise se trouve en situation de vulnérabilité forte à très forte en cas de canicule ; 
  • Les personnes âgées, les jeunes enfants, et les ménages isolés et pauvres sont les plus exposés ; 
  • Plus de la moitié de la population vit à proximité d’un îlot de fraîcheur public, un facteur clé pour faire face aux épisodes de chaleur. 

Quelles pistes de réflexion pour les collectivités ? 

À la fin de la rencontre, un temps d’échange entre participants a permis de faire émerger plusieurs pistes de réflexion pour accompagner les territoires dans leur adaptation à la chaleur et à l’augmentation du besoin de froid :  

  • Limiter le recours systématique à la climatisation en logement individuel, en travaillant sur la sensibilisation des usagers et en développant un discours qui valorise les éco gestes et d’autres solutions de confort d’été ; 
  • Mieux accompagner les élus dans la prise en compte de la chronotopie (changement de l’usage d’un lieu en fonction du moment) des bâtiments, afin d’optimiser leur usage selon les périodes de l’année (par exemple, une école adaptée pour le confort d’été pourrait avoir d’autres usages lors des vacances scolaires estivales) 
  • Explorer les opportunités de la géothermie sur la métropole : une application est développement afin de permettre de visualiser la ressource disponible en sous-sol et d‘appuyer les études techniques ; 
  • Interroger la pertinence des investissements, notamment pour les réseaux de froid, pour faire face à des épisodes caniculaires limités dans le temps (environ 20 jours par an) ;
  • Développer l’idée d’endroit refuge, pour offrir un accueil lors des pics de chaleur. Les lieux publics climatisés peuvent constituer une réponse pertinente, sans avoir à généraliser la climatisation dans tous les bâtiments.  

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